(PC: American Magazine)

S’il est vrai que le Christ est maître (Jn 13,13), que tous les hommes sont convoqués à le suivre (Mt 28,19), s’il est vrai qu’il s’est identifié aux derniers de la société (Mt 25), alors la foi chrétienne permet de définir l’agir chrétien dans une crise sanitaire et planétaire du COVID-19. Nous sommes ainsi convoqués, singulièrement et communautairement, « à avoir les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus» (Ph 2,5) au regard des proies de ce virus que nous sommes. Cet appel vient de Jésus et la réponse chrétienne se produit sur la base du principe de l’option préférentielle pour les pauvres.

Notons que ce principe n’a pas été toujours bien reçu à l’extérieur comme à l’intérieur de l’Église. Il a connu beaucoup de critiques destructives dont celle d’exclure des riches de l’amour « universel » de Dieu. Il reste que, incontestablement, « l’Église est et veut être l’Église de tous, et particulièrement l’Église des pauvres » (Pape François). En effet, « l’Église doit prendre le chemin de la pauvreté pour annoncer l’Évangile » (Ad Gentes, 5). C’est là d’ailleurs la pertinence de ce principe : une découverte de la pauvreté humaine dans tous ses sens. Tenant en compte toutes ses dimensions, la pauvreté signifie la mort ; c’est la mort physique, prématurée et injuste des pauvres. A cela s’ajoute ceci : les pauvres sont les insignifiants sans poids social et économique ni le pouvoir de changer la situation (Gustavo Gutiérrez).

Au regard de l’expansion mortifère de la pandémie, l’on découvre une fois de plus combien la pauvreté matérielle des pauvres à côté des riches reflète celle de ces derniers tant qu’ils sont incapables de barrer les chemins de la mort pour tous. Pour tout dire, la pandémie du COVID-19 a provoqué une crise et une prise de conscience de la pauvreté spirituelle et éthique, à laquelle nous sommes conviés par la souffrance des humains. Ainsi, à travers la crise du COVID-19, nous percevons le Christ pauvre face au virus et ses atrocités. D’où, l’on peut voir déjà les signes de confiance envers l’Autre et quelques initiatives de proximité réelle envers les nécessiteux, même si elles sont encore timides et informelles. Mine de rien, cette attitude à la fois verticale et horizontale manifeste l’autre sens de la pauvreté, celui du Christ qui a embrassé la condition humaine (Ph 2,7) pour libérer cette dernière de la mort (la pauvreté), une mort qu’il affronta en toute confiance en Dieu (Père, entre tes mains je remets mon esprit, Lc 31,6).

Cet exemple-là a des conséquences lourdes dans le concret de notre vie. Inspiré par  son example, cést seulement en faisant preuve d’engagement réel que la famille humaine peut accompagner cette situation  de pauvreté comme il convient dans un combat commun pour la vie. Dans ce combat, la lutte contre le COVID-19 devrait rappeler la nécessité d’une attention prioritaire pour ceux qui pourraient mourir d’une mort subite suite à la pandémie ou les mesures de la freiner ; et ceci différenciera l’authentique option pour les pauvres d’une quelconque idéologie, d’une intention à utiliser les pauvres au service d’intérêts personnels ou politiques (Evangelii Gaudium, 199).

Rugaba J. Julien

Programs Manager – JUC